Soirée de clôture de notre bootcamp santé mentale des femmes 2025
- Delphine Moulu
- 11 nov.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 nov.
Le 4 novembre, nous avons eu la joie d’organiser la soirée de clôture de la 4ᵉ édition de notre bootcamp, consacrée à la santé mentale des femmes, dans les locaux de la Fondation Sisley-d’Ornano, partenaire de l’événement. La soirée a mis à l’honneur les cinq entrepreneures de la promotion, a réuni plusieurs expertes autour d’une table ronde aux échanges percutants, et s’est poursuivie par un cocktail de networking.
La soirée a débuté par le mot de bienvenue de Juliette Mauro, cofondatrice de Femtech France, qui est revenue sur la genèse et les objectifs de ce premier bootcamp entièrement consacré à la santé mentale. Organisé en présentiel à Paris, ce format avait pour ambition de favoriser les échanges, l’immersion dans le système de soins et les rencontres entre acteurs du secteur.
Rebecca Amsellem, présidente de Femtech France, a ensuite replacé la thématique dans une perspective historique, rappelant la stigmatisation persistante de la santé mentale féminine des clichés de la “femme hystérique” aux tabous d’aujourd’hui. Elle a également souligné l’impact du mouvement #MeToo, qui a contribué à légitimer la parole des femmes et à renforcer la reconnaissance de ces enjeux.
Enfin, Philippe d’Ornano, PDG de Sisley et Président de la Fondation Sisley-d’Ornano, a clôturé les discours d’ouverture en réaffirmant la fierté de la fondation de soutenir Femtech France et les initiatives qui font bouger les lignes dans la société. Il a rappelé l’ampleur des enjeux liés à la santé mentale, dont le coût annuel pour la France atteint 160 milliards d’euros, soit le double des impôts sur le revenu, et précisé que 50 % des financements de la fondation y sont consacrés.
Pitch des 5 startups de la promotion 2025 de notre bootcamp
Une serial entrepreneure, une ex-Google ou encore une ancienne avocate : voilà un aperçu du parcours des cinq entrepreneures sélectionnées pour notre bootcamp 2025. Ce programme d'accompagnement leur a permis d'affiner leurs projets d'innovation en santé mentale des femmes à travers des sessions de formation, des rencontres ainsi qu'une journée d'immersion dans un service psychiatrie de l'AP-HP, partenaire de Femtech France. Découvrez ci-dessous une présentation de chacune de ces startups.
BABA, fondée par Ruxandra Dorobantu, soutient la santé mentale des femmes pendant la grossesse, la naissance et le post-partum grâce à l’hypnose. L’application propose un programme personnalisé d’exercices pour accompagner les femmes dans la gestion de la douleur, la réduction de l’anxiété, la régulation du système nerveux et le renforcement de leur agentivité tout au long de cette période clé.
Jume, fondée par Julia Memeteau à Niort et implanté également à Paris, aide les femmes en rémission de cancer du sein à reprendre une activité professionnelle durable et choisie. Son programme, déjà intégré à plusieurs mutuelles, combine accompagnement individuel et formations immersives en entreprise. Depuis 2020, plus de 200 femmes ont déjà été accompagnées.
MaternIA, créée par Amele Beljattou, agit pour prévenir la dépression post-partum, l’une des principales causes de mortalité après l’accouchement. Sa solution relie soignantes et mères via une application capable de détecter les signes de surcharge mentale, de répondre aux questions des mères et de les orienter vers les bons professionnels.
Nook, fondée par Fanny Prigent, propose un parcours de soins complet sur 3 à 5 ans pour les adultes ayant été victimes de violences sexuelles dans l’enfance. Le programme associe thérapie, éducation et prévention des rechutes, pour un accompagnement progressif et bienveillant.
Osoon Health, fondée par Winnie Poon, est une thérapie digitale qui soutient la santé mentale des femmes en parcours de fertilité. La solution offre une écoute personnalisée et vise à réduire la dépression, la première cause d’abandon tout en améliorant la réussite des parcours.
Regards croisés sur la santé mentale des femmes
Notre Directrice Générale, Delphine Moulu a animé la table ronde réunissant 4 expertes reconnues dans le domaine de la santé mentale. Ensemble, elles ont dressé un état des lieux de la santé mentale des femmes, abordant à la fois les avancées et les enjeux actuels pour mieux comprendre et accompagner la santé psychologique des femmes aujourd'hui.
Sarah Tebeka, psychiatre à l’Hôpital Louis-Mourier (AP-HP), a souligné que les femmes sont deux fois plus à risque de dépression de la puberté à la ménopause, en lien avec des facteurs hormonaux et sociaux. Certaines périodes comme la grossesse ou le cycle menstruel augmentent cette vulnérabilité : le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) concerne 1 femme sur 20 et peut se manifester par des symptômes intenses de dépression, de découragement, voire des pensées suicidaires. Elle a également rappelé que les femmes font deux fois plus de tentatives de suicide que les hommes, et que le manque de connaissance de ces symptômes, notamment autour de la périménopause et de la ménopause, entraîne une prise en charge insuffisante.
Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé Mentale, a souligné les progrès dans la prise de conscience autour de la santé mentale des femmes, portée par la libération de la parole et la multiplication des témoignages. Elle a alerté sur la dégradation de la santé mentale des jeunes filles ces dernières années et sur le fait que ces problématiques sont encore trop souvent ignorées ou réduites à des stéréotypes. Elle a insisté sur l’importance de prendre en compte à la fois la dimension hormonale et les déterminants sociaux, environnementaux et politiques dans la santé mentale des femmes.
Hélène de Faverges, directrice référente de la psychiatrie à l’AP-HP, a présenté les évolutions récentes dans la prise en charge psychiatrique des femmes, en insistant sur l’importance d’un accompagnement holistique et de la coopération entre spécialités. Elle a évoqué l’intégration croissante des psychiatres dans tous les parcours de soins, de la gynécologie à la cancérologie. Elle a présenté les Maisons des Femmes de l'AP-HP, offrant un accompagnement complet aux femmes victimes de violence, avec notamment celle de l’Hôtel-Dieu spécialisée en psychiatrie, ainsi que la Maison des Adolescents, qui assure un suivi psychologique et psychiatrique pour les jeunes, accueillant majoritairement des jeunes filles.
Enfin, Joséphine Arrighi de Casanova, vice-présidente de Mental Tech, a souligné l’usage croissant des outils numériques de santé mentale par les femmes, majoritaires sur Holicare (61 %) et Qare (63 %, dont 67 % pour les téléconsultations en santé mentale). Elle a expliqué que ces tendances reflètent des facteurs sociaux et culturels, les femmes assumant souvent la charge médicale de la famille et étant plus exposées à la précarité ou aux foyers monoparentaux. Elle a également évoqué le potentiel de l’IA pour optimiser les traitements et rendre l’accès aux soins plus facile et moins intimidant, tout en rappelant que l'IA doit rester un complément à l’accompagnement humain et à la coordination pluridisciplinaire.
Cette soirée de clôture a été bien plus qu’un moment de célébration : elle a incarné l’énergie collective, la créativité et l’engagement de tout un écosystème mobilisé pour faire progresser la santé mentale des femmes.
Nous tenons à remercier l’ensemble des intervenant·es, des participant·es, et bien sûr la Fondation Sisley-d’Ornano pour son soutien.
Cette 4ᵉ édition marque une nouvelle étape dans notre mission : faire émerger davantage d’innovations en santé mentale des femmes, un champ encore trop peu exploré. Qu’il s’agisse des troubles du comportement alimentaire, de l’autisme, du TDAH ou d’autres sujets encore sous-représentés, les besoins sont énormes et les opportunités d’agir sont nombreuses.
Avec Femtech France, nous continuerons à fédérer et accompagner les entrepreneur·es et acteurs du secteur qui veulent créer des solutions concrètes pour le bien-être mental des femmes, ce bootcamp n'était que le début :)